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Scandale éducatif : Quand l’école devient zone de tensions politiques

Une collégienne interpellée en pleine récréation, un rappel à la loi explosif… Comment un incident local révèle-t-il un clash entre impératifs sécuritaires et sanctuaire scolaire ? Plongée dans une affaire qui secoue l’Éducation nationale et relance le débat sur la protection des élèves sans papiers.

Le rappel musclé d’Élisabeth Borne aux recteurs

Dans un mail envoyé aux recteurs le 28 mai, la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne a martelé l’interdiction stricte des interpellations policières dans les établissements scolaires pour des procédures d’éloignement. Ce courrier fait suite à l’arrestation controversée d’une élève de 3e sans papiers dans son collège de Maizières-lès-Metz (Moselle), le 22 mai dernier. « L’école doit rester un lieu protégé », insiste l’ex-Première ministre.

Une interpellation choc en pleine récréation

Vers 10h, la collégienne originaire du Burkina Faso est conduite par des membres du personnel vers un bâtiment administratif où l’attendaient des gendarmes. Scène traumatisante pour les élèves et enseignants : « Le chef d’établissement a permis ça, c’est inacceptable ! », dénonce Étienne Rioche de Sud Éducation Lorraine Nord sur RMC. L’adolescente, sa mère et son frère ont été expulsés vers la Belgique, pays de leur première demande d’asile.

Le Ministère de l’Intérieur en défense

Contacté par RMC, le ministère de Gérald Darmanin justifie l’opération par un « lien avec la famille ». Pourtant, cette intervention viole la circulaire de 2013 interdisant les interpellations en milieu scolaire – texte réaffirmé par Borne. Les syndicats dénoncent un « précédent dangereux » pour les 100 000 enfants scolarisés sans titre de séjour.

Mobilisation syndicale et enjeux éthiques

Plusieurs organisations appellent à un rassemblement vendredi devant la préfecture de Moselle. En jeu : le respect de la circulaire Blanquer de 2012 qui garantit l’accès à l’école pour tous. « Comment étudier sereinement quand on craint une rafle ? », interroge un professeur sous couvert d’anonymat. Un dilemme entre souveraineté étatique et droit fondamental à l’éducation.

Les chiffres qui alimentent la polémique

Selon la Défenseure des droits, 43 % des mineurs isolés scolarisés en 2023 ont subi des interruptions de parcours liées à leur statut migratoire. Un rapport du Sénat estime à 1,3 million les euros dépensés annuellement par l’État pour les reconduites frontalières d’élèves – contre 0,9 million alloués à leur accompagnement pédagogique.

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