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Reprendre sa maison coûte que coûte : le dilemme explosif des propriétaires face au squat

Imaginez rentrer chez vous… et découvrir des inconnus installés dans votre salon. Vos meubles déplacés, vos murs tagués, l’eau coupée. Depuis la promulgation de la loi anti-squat en juillet 2023, l’État promet une réponse ferme. Pourtant, sur le terrain, de plus en plus de propriétaires choisissent une voie dangereuse : l’auto-expulsion. Même si cela signifie enfreindre la loi qu’ils espéraient les protéger.

La loi existe, mais elle traîne les pieds

Officiellement, le squat est désormais passible de trois ans de prison et 45 000 € d’amende. Les procédures d’expulsion ont été accélérées. Mais dans les faits, entre délais judiciaires, recours abusifs et réticence des forces de l’ordre à intervenir, des mois — voire des années — s’écoulent avant qu’un propriétaire ne récupère son bien.

« On appelle tout le monde : huissier, gendarmerie, mairie… Et à chaque fois, c’est non. » Ce témoignage, recueilli par TF1, résume l’impuissance ressentie par des milliers de Français. Résultat ? La tentation de la solution radicale grandit.

Des « nettoyeurs » bien payés pour briser la loi

Sur les réseaux ou par le bouche-à-oreille, certains proposent désormais un service clé en main : « On entre quand ils ne sont pas là, on change la serrure, et on sécurise. » Ces ex-agents de sécurité, parfois qualifiés de mercenaires de l’immobilier, facturent entre 5 000 et 10 000 € — une somme justifiée, selon eux, « si cela devient violent ».

Cette méthode, illégale au regard du Code pénal, expose le propriétaire à des sanctions sévères : trois ans de prison et 30 000 € d’amende pour violation de domicile — oui, même dans sa propre maison. Car la loi ne reconnaît pas le droit à l’auto-défense en matière d’expulsion.

Un tournant judiciaire timide mais réel

Pourtant, les tribunaux commencent à réagir. Récemment, un juge a condamné un squatteur à quitter immédiatement les lieux, sous peine d’une astreinte de 50 € par jour. Une première saluée par Me Romain Rossi-Landi, avocat spécialisé, qui y voit un signal : la justice prend enfin au sérieux le préjudice subi par les propriétaires.

Pourquoi la crise persiste en 2025

Le vrai problème ne réside pas dans la loi, mais dans son exécution. Faute de moyens, les services de police hésitent à intervenir. Les tribunaux sont saturés. Pendant ce temps, le coût du squat s’accumule : perte de loyer, dégradations, stress psychologique.

Face à ce vide, les propriétaires se retrouvent seuls. Certains choisissent la patience. D’autres, la clandestinité. Mais aucun ne devrait avoir à choisir entre son droit fondamental à la propriété… et le risque de finir derrière les barreaux.