« Susan a choisi de rejoindre David » : un couple de retraités se jette d’une falaise à cause du cancer en phase terminale
Au sommet d’une falaise battue par les vents de la mer du Nord, deux objets abandonnés : une veste, un téléphone. En contrebas, sur les rochers de Whitby, les corps d’un homme et d’une femme, allongés côte à côte. Ce n’était pas un accident. C’était un adieu concerté. David et Susan Jeffcock, un couple britannique âgé de 80 et 74 ans, ont mis fin à leurs jours ensemble, incapables d’imaginer une vie séparée face à la dégradation inexorable de la santé de David, atteint d’un cancer des os.
Une fin programmée, une lettre comme testament
Le 30 juillet 2025, à Whitby, dans le Yorkshire du Nord, le couple réalise ce qu’il avait planifié en silence. Avant de sauter de la falaise d’East Cliff, près de l’abbaye historique, ils envoient une lettre explicative à leurs proches. Dans ce courrier, ils affirment clairement leur volonté commune de quitter la vie ensemble. Aucun trouble psychiatrique n’est relevé par les enquêteurs — seulement une souffrance physique devenue insoutenable, et un amour qui ne supporte pas la séparation.
Le cancer, une douleur sans issue
Originaire de Sheffield, David Jeffcock luttait contre un cancer osseux en phase avancée. Trois fois en quelques semaines, il est admis aux urgences pour des maux de tête violents et des difficultés respiratoires — signes d’une maladie qui progresse sans relâche. « Il ne supportait plus la douleur », raconte son neveu, Kevin Shepherd, lors d’une audience post-mortem. « Il ne voulait pas que son état empire davantage. »
Susan, 74 ans, sans enfants, n’envisageait pas une existence seule. « Elle a choisi de rejoindre David », dit simplement son neveu, évoquant un dévouement conjugal absolu. Pour eux, la mort n’était pas une fuite, mais une ultime preuve d’unité.
Une retraite brisée sur les côtes anglaises
Le couple avait tout prévu pour une vieillesse paisible. Après des décennies passées à voyager — notamment en Australie, où David a vécu une partie de sa jeunesse —, ils avaient choisi Whitby pour sa lumière, son port, son calme. Leur appartement donnait sur la mer. C’était leur rêve réalisé.
Mais le cancer terminal a transformé ce havre de paix en lieu de désespoir. Sans descendance, sans filet familial élargi, ils se sont tournés l’un vers l’autre jusqu’au bout — même dans la mort.
Un drame qui interroge sur la fin de vie
Cette affaire, bien que tragique, soulève des questions profondes sur l’accompagnement en fin de vie, le droit à mourir dans la dignité, et le poids de la solitude chez les seniors sans enfants. En France et au Royaume-Uni, le débat sur l’euthanasie et le suicide assisté gagne en intensité, porté par des cas comme celui des Jeffcock.
Ici, aucun recours légal n’a été possible. Alors, dans le silence et la complicité d’une vie entière, ils ont choisi leur propre issue — ensemble, jusqu’au dernier instant.
