Expulsée, sans toit, morte dans la rue : le drame évitable de Sylviane Police en Loire-Atlantique
À 66 ans, Sylviane Police n’aurait jamais dû mourir sur une place de marché, en pleine matinée, à Quimiac. Pourtant, c’est là, loin de tout lit d’hôpital ou de foyer sécurisé, que cette retraitée a succombé à une crise cardiaque — après des mois passés à dormir dans sa voiture. Son histoire n’est pas seulement tragique. Elle est révélatrice d’un système de protection sociale qui, parfois, ne protège plus.
Expulsés en été, laissés à l’abandon
En juillet 2025, Sylviane et son mari, ancien militaire décoré de l’Ordre national du Mérite, ont été expulsés de leur logement privé en raison d’impayés. Leur faute ? Ne plus pouvoir suivre la hausse vertigineuse du coût de la vie : loyer, électricité, charges. Malgré une demande de logement social déposée depuis plus de cinq ans, aucune proposition ne leur a été faite.
À partir de mi-août, le couple a vécu dans sa voiture. Quelques nuits en camping, parfois un hôtel bon marché — jamais assez longtemps. Leur fils, Maximilian Police, les a hébergés brièvement, mais les contraintes familiales et un projet de construction ont rendu cela impossible à poursuivre.
Les signaux d’alarme ignorés
Alertés à plusieurs reprises, les services de la mairie de Piriac-sur-Mer n’ont pas apporté de solution concrète. « Rendez-vous annulés, vacances, problèmes personnels… », raconte Maximilian, amer. « Personne n’a assumé ses responsabilités. »
Le 23 novembre 2025, Sylviane se rend aux toilettes publiques de la place du marché à Quimiac — une commune de Mesquer, en Loire-Atlantique — et s’effondre. Les pompiers, la gendarmerie et l’hôpital de Saint-Nazaire feront tout ce qu’ils peuvent. Trop tard.
La réponse de la mairie
Emmanuelle Dacheux, maire de Piriac-sur-Mer, exprime sa « profonde tristesse » mais souligne que l’expulsion relevait d’une décision judiciaire. Le CCAS aurait assuré un suivi administratif et coordonné avec l’Équipe départementale des solidarités de Guérande.
La commune ne dispose que d’un seul logement d’urgence — occupé à ce moment-là. Des solutions à Nantes et Saint-Nazaire auraient été proposées, mais refusées par le couple, attaché à rester sur leur territoire.
Pour Maximilian, ces propositions étaient « très temporaires », insuffisantes pour stabiliser une situation déjà critique. « Ce n’était pas un refus capricieux, c’était un choix de survie », insiste-t-il.
Un appel contre l’indifférence institutionnelle
Depuis le drame, la mairie a mis à disposition une chambre dans un logement saisonnier non chauffé — équipé depuis d’un chauffage d’appoint. Une solution provisoire, fragile, pour un homme de 69 ans traumatisé par la perte de sa femme.
Maximilian héberge à nouveau son père, mais le logement n’est pas viable à long terme. Il lance un appel urgent : « Il mérite un logement pérenne, digne, stable. »
« Ma mère n’a pas eu la dignité qu’elle méritait. Elle a trouvé le silence là où elle attendait de l’aide. »
Les obsèques de Sylviane Police se dérouleront jeudi 27 novembre 2025 à 10h30 en l’église de Piriac-sur-Mer.
