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Taxe sur les taxes ? Un député ose proposer l’impensable au cœur de l’Assemblée

Dans un pays où la pression fiscale frôle les sommets mondiaux, une proposition vient d’envoyer une onde de choc — non pas depuis la rue, mais depuis les rangs mêmes de l’Assemblée nationale. Alors que les citoyens et les entreprises suffoquent sous le poids croissant des prélèvements obligatoires, un député a osé formuler une idée à la fois absurde… et terriblement révélatrice : instaurer une taxe sur les députés qui proposent de nouvelles mesures fiscales.

Quand les élus critiquent eux-mêmes la frénésie fiscale


Ce n’est plus seulement l’opposition ou les syndicats qui dénoncent l’envolée des impôts. Désormais, certains parmi les législateurs reconnaissent, ne serait-ce qu’ironiquement, que la France atteint un seuil d’asphyxie fiscale. La proposition de loi, formulée en marge d’un débat budgétaire récent, n’a pas vocation à être adoptée. Elle vise plutôt à souligner un paradoxe criant : alors que le taux de prélèvements obligatoires</strong dépasse les 56 % du PIB en 2024 — le plus élevé de l’OCDE —, chaque nouvelle session parlementaire voit fleurir des dizaines d’amendements fiscaux.

« On ne peut pas continuer à piocher dans la poche des Français à chaque fois qu’un problème budgétaire surgit », a récemment déclaré le député à l’origine de cette initiative, dans les couloirs du Palais Bourbon. Une remarque qui fait écho à une lassitude croissante, même au sein de la majorité présidentielle.

Un signal d’alarme déguisé en provocation ?

Officiellement déposée comme une proposition symbolique, cette « taxe des taxateurs » n’est pas sans rappeler d’autres initiatives ironiques du passé, comme la « taxe sur les impôts » imaginée par Frédéric Dard dans les années 1970. Pourtant, derrière l’humour, le message est sérieux : la multiplication des niches fiscales, des taxes locales et des contributions exceptionnelles a rendu le système opaque, inefficace et souvent injuste.

Selon la Cour des comptes, près de 120 mesures fiscales ont été créées ou modifiées rien qu’en 2024. Une inflation législative qui décourage les entrepreneurs et complexifie le quotidien des ménages. Dans ce contexte, la proposition du député fonctionne comme un miroir : même ceux qui votent ces taxes finissent par en subir les conséquences politiques… et morales.

Et si la vraie réforme commençait par un moratoire ?

Plutôt que d’ajouter une énième couche à l’édifice fiscal, plusieurs économistes — dont Laurence Boone, ex-conseillère économique d’Emmanuel Macron — plaident désormais pour un gel temporaire de toute nouvelle imposition. Une pause pour simplifier, évaluer l’efficacité des dispositifs existants, et rétablir la confiance fiscale.

Car au-delà des rires suscités par la « taxe sur les taxateurs », c’est bien cette confiance qui s’effrite. Et lorsqu’un député plaisante sur la fiscalité… c’est souvent que le sujet est devenu trop grave pour être traité sérieusement.