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Une arnaque sans précédent : quand l’assurance téléphone devient un piège financier

Des milliers de Français ont été piégés par une escroquerie aussi sophistiquée que dévastatrice. Derrière un simple contrat d’assurance pour smartphone ou ordinateur, se cache un mécanisme d’usure financière qui a fait perdre jusqu’à 10 000 euros à certaines victimes. Ce n’est pas une histoire isolée. C’est un système organisé, légalisé par des clauses opaques, et qui continue d’opérer sous le regard des autorités. Julien Courbet, dans son émission spéciale Arnaques ! sur M6, a dévoilé ce qui pourrait bien être la plus grande escroquerie des 30 dernières années.

Qui est derrière cette arnaque ?

La société SFAM, spécialisée dans les assurances électroniques, a mis en place un système de prélèvements multiples. Les clients, attirés par un prix initial de 10 à 19 euros par mois, pensent souscrire à une protection simple. Mais en réalité, ils se voient facturés cinq fois — avec cinq intitulés différents — sans jamais être informés de la duplication. Le résultat ? Des factures qui exploseront, souvent sans que le consommateur ne s’en rende compte avant des années.

Le dirigeant de SFAM, Sadri Fegaier, a été condamné en décembre 2024 à deux ans de prison pour pratiques commerciales trompeuses. À 38 ans, il était présenté comme un « golden boy » de l’entrepreneuriat français. Aujourd’hui, il fait appel. Et les victimes ? Elles doivent désormais prouver qu’elles ont reçu une proposition de remboursement, qu’elles ont été contactées, et surtout, qu’elles sont encore solvables pour espérer retrouver un centime.

Comment cette arnaque a-t-elle pu durer si longtemps ?

La réponse est simple : elle s’inscrit dans le quotidien. Personne ne vérifie ses relevés bancaires chaque mois. Personne ne lit les petits caractères d’un contrat signé en cinq secondes en magasin. La SFAM a exploité cette confiance naturelle. Elle a profité de la complexité des systèmes de paiement, de la pression des vendeurs en point de vente, et de la peur de ne pas être protégé après un vol ou une casse.

L’histoire de Benjamin, un jeune homme de Saint-Étienne, en est l’exemple le plus frappant. Il a acheté son premier smartphone en 2018. L’assurance semblait raisonnable : 19 euros le premier mois, puis 25 euros. Cinq ans plus tard, il découvre qu’il a payé 10 700 euros — contre 1 500 prévus. À découvert chronique, il a dû emprunter. Son moral a chuté. Sa mère, Agnès, a dû intervenir. Ce n’est pas un cas extrême. C’est la norme.

Que faire si vous êtes concerné ?

Si vous avez souscrit à une assurance téléphone ou ordinateur entre 2018 et 2024, vérifiez vos relevés bancaires. Cherchez les intitulés suivants : SFAM, Assurance Téléphone, Protection Électronique, ou des variations similaires. Si vous voyez plusieurs prélèvements mensuels identiques ou proches, vous êtes peut-être victime.

Les victimes peuvent déposer une réclamation auprès du tribunal de commerce ou contacter l’avocate Me Emma Léoty, qui a mené plusieurs actions en justice. Mais attention : le remboursement n’est pas automatique. Il exige des justificatifs, une démarche administrative complexe, et surtout, la capacité de prouver que vous n’étiez pas informé. Beaucoup abandonnent avant même de commencer.

Un système qui continue de fonctionner

Malgré la condamnation de Sadri Fegaier, la SFAM n’a pas disparu. Ses sociétés filiales opèrent encore. De nouveaux contrats sont signés chaque jour. Les mêmes techniques. Les mêmes pièges. Et les mêmes victimes — souvent des seniors, des jeunes adultes ou des familles à revenus modestes.

Julien Courbet le dit clairement : “On connaît tous quelqu’un qui s’est fait avoir.” Ce n’est pas une blague. Ce n’est pas un scoop sensationnel. C’est un constat. Une réalité économique invisible, mais bien réelle. Et tant que les mécanismes de protection restent faibles, tant que les consommateurs ne sont pas éduqués, cette arnaque continuera de prospérer.

Le prix d’une confiance mal placée

Il ne s’agit pas seulement d’argent. Il s’agit de confiance. Confiance dans les grandes enseignes. Confiance dans les contrats signés en magasin. Confiance dans les assurances qui prétendent nous protéger. Cette arnaque a brisé des vies, non pas par la violence, mais par la lenteur. Par la banalité. Par la normalité du piège.

Le 21 novembre 2025, M6 diffusera une enquête d’une heure sur ce sujet. Une émission qui ne cherche pas à choquer. Mais à éclairer. Parce que savoir, c’est déjà commencer à se protéger.