Actu

Macron fait volte-face sur le Mercosur : l’agriculture française en état de siège

Le ton monte. Ce qui ressemblait à une simple rumeur de couloir diplomatique est devenu une crise ouverte entre l’Élysée et le monde agricole. En se disant « plutôt positif » sur l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, Emmanuel Macron a trahi, selon la FNSEA, une promesse faite aux agriculteurs. Résultat : les tracteurs pourraient bientôt rouler à nouveau.

Un revirement perçu comme une trahison

Il y a quelques mois encore, le président assurait haut et fort son opposition à cet accord jugé « dangereux » pour l’agriculture française. Aujourd’hui, depuis Brasilia — ville symbole du géant agricole brésilien —, il adoucit le ton. « Plutôt positif », dit-il, après l’annonce de « clauses de sauvegarde renforcées » censées protéger certains secteurs sensibles.

Mais pour Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, ce n’est qu’un leurre. « C’est un reniement total », dénonce-t-il sur X. « En choisissant ce lieu et ce moment, le Président signe sa rupture avec l’agriculture française. »

Ce que contient vraiment l’accord Mercosur

Signé fin 2024 après plus de 25 ans de négociations, l’accord UE-Mercosur vise à abolir les droits de douane sur 90 % des échanges entre les deux blocs. L’Europe y gagne un accès facilité à des marchés porteurs pour ses vins, ses produits laitiers, ses voitures ou ses médicaments.

En retour, l’UE ouvre ses frontières à des volumes massifs de bœuf brésilien, de sucre uruguayen, de volaille argentine et de miel paraguayen. Problème : ces produits sont souvent issus de chaînes de production qui ne respectent ni les normes environnementales, ni les standards sanitaires ou sociaux imposés aux agriculteurs européens.

Pourquoi les agriculteurs refusent les « garanties »

L’Élysée insiste : des mécanismes de sauvegarde permettraient d’interrompre les importations en cas de « déferlement ». Mais les syndicats y voient une parade illusoire. « Ce ne sont que des vannes qui fuient », ironise un éleveur picard. « Dès qu’un quota est ouvert, il sera rempli. Et les prix s’effondreront. »

Pire : ces clauses ne touchent pas aux causes profondes du déséquilibre — notamment la déforestation liée à l’élevage intensif ou l’usage massif de pesticides interdits en Europe.

La souveraineté alimentaire en jeu

Au-delà des chiffres, c’est un modèle entier qui est menacé. Celui d’une agriculture qualitative, locale et écologiquement responsable. Un modèle que les Français disent vouloir préserver. Selon plusieurs sondages, plus de 70 % d’entre eux s’opposent à l’accord si celui-ci autorise l’importation de produits non conformes aux normes européennes.

Et maintenant ?

Le processus de ratification est lancé à Bruxelles. Chaque pays membre devra valider l’accord, tout comme le Parlement européen. En France, les eurodéputés seront sous pression. La FNSEA les appelle déjà à « voter non », au nom de la cohésion territoriale et de la souveraineté alimentaire.

Pendant ce temps, dans les campagnes, on prépare la riposte. Blocages, manifestations, rassemblements devant les préfectures… Si Emmanuel Macron croit calmer le jeu avec des mots, il se trompe lourdement. Pour beaucoup d’agriculteurs, cette affaire n’est plus économique. Elle est existentielle.