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Expulsion à 77 ans avec 1000 € de retraite : une injustice que la France ne peut plus ignorer

Mireille n’a rien demandé d’extraordinaire. Juste un toit. À 77 ans, avec une pension de 1000 euros par mois, elle a pourtant été éjectée de son logement social à Reims — une semaine avant le début de la trêve hivernale 2025. Son cas, révélé par France 3, illustre une réalité sociale de plus en plus criante : en France, la pauvreté peut vous priver jusqu’à votre domicile.

Qui est Mireille, et que s’est-il passé exactement ?

Depuis plus de vingt ans, cette ancienne employée, jamais payée au-delà du SMIC, vivait dans un logement géré par Reims Habitat. Après le départ de ses enfants, elle avait même accepté de déménager dans un T1 moins cher. Mais face à la flambée des factures d’énergie et à un loyer fixe, ses comptes ont basculé. Les impayés se sont accumulés.

Malgré une médiation et une “réunion de la dernière chance”, les tentatives de remboursement — parfois de seulement 50 euros — n’ont pas convaincu le bailleur. La justice a validé l’expulsion, au nom de l’équité envers les autres locataires. Pourtant, le calendrier choque : l’ordonnance est exécutée à quelques jours de l’interdiction légale des expulsions hivernales.

Quand la retraite ne suffit plus à payer le loyer

“Il faudrait 1200 à 1400 euros par mois pour s’en sortir”, explique Mireille. Son témoignage révèle un gouffre entre la réalité du coût de la vie pour les seniors et les montants réels des pensions de retraite en France.

En 2025, plus de 1,2 million de retraités perçoivent moins de 1100 euros mensuels. Nombreux sont ceux qui consacrent plus de 40 % de leurs revenus au logement — bien au-delà du seuil de 30 % recommandé pour un équilibre financier. Résultat : un simple imprévu de santé, comme le cancer du rein dont a souffert Mireille, suffit à déclencher un effondrement.

Pourquoi aucune solution alternative n’a été proposée ?

Un système rigide, même face à la vulnérabilité

Le fils de Mireille ne comprend pas : “Elle est fragile, elle a 77 ans. Pourquoi ne lui a-t-on pas proposé un relogement ou un accompagnement renforcé ?” La réponse du bailleur est administrative : les dettes étaient trop anciennes, les engagements non tenus.

La trêve hivernale, un filet troué

Entrée en vigueur le 1er novembre, la trêve hivernale protège contre les expulsions… mais seulement si la procédure n’a pas déjà abouti. Or, une fois la résiliation judiciaire prononcée, le locataire a deux mois pour faire appel. Hospitalisée, Mireille a manqué ce délai. Le système n’a pas de souplesse pour les corps fatigués ou les esprits débordés.

Vivre sans adresse, c’est disparaître

Hébergée temporairement chez sa fille, Mireille décrit une descente aux enfers administrative et sociale. “Quand on n’a plus de logement, on est effacé de la société.” Sans adresse stable, impossible de toucher certaines aides, de renouveler une carte vitale, ou même de conserver une dignité de base.

Son cas n’est pas unique. Chaque année, des centaines de personnes âgées en précarité sont expulsées, souvent en silence. Leur invisibilité même les rend plus vulnérables. Et pourtant, leur histoire pose une question urgente : quelle place la République réserve-t-elle à ses aînés quand leurs revenus ne suivent pas ?