Indécence ou générosité ? La mairie du Barcarès alloue 80 000 € au champagne pour Noël 2025
Qui dépense, quoi, et pour qui ?
C’est la mairie du Barcarès, dirigée par Alain Ferrand, qui a lancé cette procédure le 1er novembre 2025. L’objectif : acheter du champagne dans la limite de 80 000 € pour les célébrations de fin d’année. Le cahier des charges exige une qualité gustative élevée, un packaging soigné, et une logistique irréprochable. Mais il omet un détail crucial : le nombre exact de bouteilles et la liste précise des bénéficiaires.
Les estimations varient : entre 3 200 bouteilles à 25 € pièce et près de 5 000 si le prix unitaire descend à 16 €. Cela signifie qu’un habitant, en moyenne, coûterait 13 € à la collectivité… en champagne seul. Une somme qui interpelle, surtout quand on connaît le contexte local.
Où et quand cette décision a-t-elle été prise ?
Le Barcarès, station balnéaire connue pour ses plages mais aussi pour ses tensions fiscales, affiche l’un des taux d’imposition locaux les plus élevés du département. C’est dans ce cadre que l’opposition municipale, emmenée par Virginie Brodin, dénonce un « luxe inapproprié ».
« Ce n’est pas de la générosité, c’est une fausse générosité », lance-t-elle. « Une dépense d’argent public ne devrait pas servir à faire briller des coupes, mais à renforcer les services sociaux, l’entretien des voiries ou l’aide aux plus fragiles. » Elle rappelle qu’en 2024, la ville avait dépensé seulement 15 000 € en vin pétillant, sans appel d’offres formel. La rupture est nette — et inquiétante, selon elle.
Pourquoi tant de bulles ? Le maire répond
Alain Ferrand refuse de parler de scandale. « Il n’y a aucune polémique », affirme-t-il. Selon lui, ce plafond budgétaire n’est qu’une étape administrative classique, destinée à encadrer un futur marché public. « Ce n’est pas une commande, c’est un maximum autorisé », précise-t-il.
Il justifie cette enveloppe par deux usages concrets :
- La constitution de colis de Noël destinés aux personnes âgées, isolées ou en situation de précarité, qui ne peuvent assister aux repas festifs organisés par la commune.
- La valorisation du patrimoine viticole français, en privilégiant des fournisseurs locaux ou régionaux.
« Il y a un réel volet social », insiste-t-il, en soulignant que ces colis visent à « ne laisser personne de côté pendant les fêtes ».
Un luxe contesté dans un climat tendu
Pourtant, le timing est mal choisi. En 2025, de nombreuses familles françaises réduisent leurs dépenses de fin d’année. À cela s’ajoute le passé judiciaire du maire — plusieurs mises en cause ayant entaché sa crédibilité. Dans ce contexte, la moindre dépense publique est scrutée à la loupe.
Et l’absence de transparence sur l’usage final du champagne alimente les soupçons. « Rien n’est précisé dans l’appel d’offres », regrette Virginie Brodin. « Seule l’équipe majoritaire sait à quoi ces bouteilles serviront vraiment. »
La vraie question : quelle place pour les festivités publiques ?
Au-delà du champagne, ce débat révèle un clivage plus profond : celui entre animation locale et rigueur budgétaire. Jusqu’où une commune peut-elle investir dans la convivialité quand ses habitants peinent à boucler leur budget ?
Le Barcarès n’est pas la première ville à offrir des colis de fêtes. Mais allouer une telle somme à un produit de luxe, même symbolique, pose une question éthique que de plus en plus de citoyens posent : l’argent public doit-il faire rêver… ou répondre aux besoins ?
