Actu

Phares à LED : éblouissement nocturne ou progrès indispensable ?

Conduire la nuit devient de plus en plus difficile pour de nombreux Français. Un automobiliste sur deux affirme être gêné par l’intensité des feux des véhicules modernes, en particulier ceux équipés de phares à LED. Entre sécurité routière, réglementation et confort visuel, où se situe la frontière ?

Pourquoi les phares modernes aveuglent-ils autant ?

Les phares à LED des voitures récentes peuvent être jusqu’à dix fois plus lumineux que les classiques phares halogènes. Pourtant, ces équipements respectent scrupuleusement la réglementation en vigueur. Leur avantage : une meilleure visibilité sur la route. Leur inconvénient : un éblouissement nocturne fréquent pour les autres usagers.

De nombreux conducteurs se plaignent de cette gêne, surtout lorsqu’ils croisent un SUV. La hauteur des feux amplifie l’effet, rendant la situation encore plus critique pour les conducteurs de petite taille ou en état de fatigue.

Un problème technique bien identifié

Le Code de la route est clair : les feux doivent éclairer efficacement sans aveugler. Pourtant, l’un des défauts les plus courants relevés en centre de contrôle technique concerne précisément l’inclinaison des phares. « Si les phares sont trop hauts, ils éblouissent. S’ils sont trop bas, le conducteur ne voit rien », explique Mostefa Chaib, technicien chez Dekra dans les Bouches-du-Rhône.

Cette inclinaison peut varier selon la charge du véhicule. Un coffre chargé ou des passagers à l’arrière modifient l’assiette de la voiture, et donc l’angle d’émission lumineuse. Certaines voitures offrent un réglage manuel, mais toutes ne disposent pas de cette fonctionnalité.

Des conséquences réelles sur la sécurité routière

L’éblouissement n’est pas qu’un inconfort : il représente un risque d’accident mortel. En France, 1 à 2 % des collisions fatales la nuit sont attribuables à ce phénomène. « L’œil met plusieurs secondes à s’adapter à une luminosité soudaine. Pendant ce temps, le conducteur est aveugle », souligne Hélène Veyron, de l’association Prévention Routière à Marseille.

Ce délai de réadaptation peut s’avérer fatal, surtout sur des routes départementales mal éclairées ou à vitesse élevée.

Une réglementation en évolution

Au Royaume-Uni, la situation est prise au sérieux. Une pétition circule pour demander l’interdiction pure et simple des phares à LED. Plus pragmatiquement, les autorités britanniques exigent que d’ici deux ans, tous les nouveaux véhicules soient équipés d’un système de réglage automatique des phares.

En France, ce dispositif existe déjà sur de nombreux modèles haut de gamme, mais il n’est pas encore rendu obligatoire. Pourtant, face à l’augmentation du nombre de SUV et de véhicules dotés de technologies lumineuses toujours plus performantes, une révision réglementaire semble inévitable.

Entre confort visuel et progrès technologique

Les phares à LED améliorent indéniablement la sécurité des conducteurs qui en disposent. Mais leur impact sur les autres usagers ne peut plus être ignoré. La solution ne réside pas dans leur suppression, mais dans une meilleure harmonisation des normes, des contrôles techniques renforcés et une généralisation des systèmes d’ajustement automatique de l’inclinaison des feux.

À l’heure où les constructeurs rivalisent d’innovation lumineuse, le défi reste clair : éclairer la route sans aveugler ceux qui la partagent.