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Christophe Gleizes en prison : pendant que l’Élysée tergiverse, une mère implore Alger

Alors que Paris feint l’indignation avec la froideur d’un communiqué calibré, à Tizi-Ouzou, un journaliste croupit derrière les barreaux. Sylvie Godard, mère de Christophe Gleizes, n’a plus que les mots pour arme : dans une lettre poignante adressée au président algérien Abdelmadjid Tebboune, elle supplie pour la liberté de son fils. Pendant ce temps, l’Élysée joue la montre, comme à son habitude, dans une affaire qui en dit long sur la valeur réelle accordée à la liberté de la presse — surtout lorsqu’elle dérange.

Qui est le journaliste pris au piège d’un imbroglio politique ?

Christophe Gleizes, 36 ans, rédacteur pour So Foot et Society, n’est pas un espion, mais un reporter passionné de football. Il se rendait en Algérie en mai 2024 pour documenter l’histoire de la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), un club emblématique basé à Tizi-Ouzou. Son seul crime ? Avoir posé des questions dans une région sensible.

Quand l’information devient une infraction

Arrêté le 28 mai 2024, Gleizes a été condamné en première instance en juin 2025, puis à nouveau en appel le 3 décembre 2025, à sept ans de prison ferme pour « apologie du terrorisme ». La justice algérienne l’accuse d’avoir eu des contacts avec le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), organisation proscrite. Pourtant, aucun de ses articles ne contient le moindre propos hostile envers l’Algérie — un fait reconnu même par ses détracteurs les plus réticents.

Pourquoi l’Élysée tarde-t-il à agir ?

Emmanuel Macron a bien qualifié la peine de « excessif » et d’« injuste », mais ses mots restent suspendus dans le vide diplomatique. Aucune mesure concrète n’a été annoncée depuis la confirmation du verdict. Pendant ce temps, l’unique journaliste français détenu à l’étranger s’enfonce dans l’isolement, tandis que le Quai d’Orsay préfère la prudence aux principes.

Où en est le soutien international ?

Reporters sans frontières (RSF) a lancé un appel urgent pour la libération immédiate de Gleizes, dénonçant une « grave injustice ». Le comité de soutien, coordonné par l’organisation, rappelle que le journaliste n’a fait qu’exercer son métier, dans le strict respect de la déontologie journalistique.

Quelles voies juridiques restent ouvertes ?

Au-delà de la demande de grâce présidentielle déposée par sa mère, Gleizes a engagé un pourvoi en cassation devant la Cour suprême algérienne. Son avocat français, Emmanuel Daoud, précise qu’une requête de mise en liberté conditionnelle reste envisageable. Mais chaque jour qui passe pèse sur le moral du détenu — et sur la crédibilité d’un État qui se prétend défenseur des libertés.