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Fin des 35 heures ? La déclaration choc de la porte-parole du gouvernement qui relance le débat sur le travail en France

Et si les 35 heures n’étaient plus qu’un souvenir ? Une simple ligne dans l’histoire sociale du pays, menacée d’effacement. Alors que la France peine à concilier compétitivité économique et protection des salariés, Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, vient de jeter une bombe : elle s’est prononcée, à titre personnel, pour la suppression de la loi emblématique de 1998. Selon elle, cette mesure serait devenue un « boulet » pour l’économie. Pas un progrès social. Un aveu qui résonne comme un signal fort. Et qui rouvre brutalement la question du temps de travail. Après avoir vu des jours fériés remis en cause, puis les congés payés critiqués, voici que c’est au tour du pilier des 35 heures d’être menacé. Où va la France ? Vers plus de flexibilité ? Ou vers une précarité déguisée en modernisation ?

Les 35 heures, une réforme qui a marqué l’histoire

Adoptée en 1998 sous le gouvernement de Lionel Jospin, la loi sur les 35 heures a profondément transformé le monde du travail. En abaissant la durée légale hebdomadaire de 39 à 35 heures, elle visait deux objectifs majeurs : créer des emplois en redistribuant le temps de travail et améliorer la qualité de vie des salariés. Le raisonnement était clair : moins d’heures par tête devaient permettre d’embaucher plus de personnes.

Le bilan fut contrasté. Certains secteurs ont bénéficié d’une meilleure organisation. D’autres, notamment les PME, ont accusé la réforme d’alourdir leurs charges sans générer les créations d’emplois espérées. Les accords de modulation horaire se sont multipliés, mais souvent au prix d’une intensification du travail. Le gain de temps libre, tant attendu, n’a pas été ressenti partout.

Un modèle contesté, même trente ans après

Aujourd’hui, les critiques persistent. Pour beaucoup d’employeurs, la rigidité du cadre légal freine l’adaptation aux réalités économiques. Les pics d’activité, les variations saisonnières, les urgences opérationnelles — tout cela bute sur une règle jugée trop stricte. Les organisations patronales réclament depuis des années davantage de souplesse, via des accords d’entreprise ou des conventions de branche.

Mais du côté syndical, l’évaluation est nuancée. Si certains reconnaissent les limites de la mise en œuvre, d’autres défendent farouchement les 35 heures comme une conquête sociale essentielle. Elles symbolisent, pour eux, la reconnaissance du droit à la déconnexion, à la vie personnelle, à la dignité au travail. Abandonner ce socle, c’est risquer de revenir en arrière.

La position explosive de Sophie Primas

C’est dans ce climat tendu que Sophie Primas intervient. Sans porter la voix du gouvernement dans son ensemble, elle affirme haut et fort que les 35 heures ne sont plus adaptées. Pour elle, elles pèsent sur la compétitivité des entreprises françaises, surtout face à des voisins européens plus flexibles. Ce propos, tenu à titre personnel, n’en a pas moins valeur de symbole. Il reflète une idéologie en plein essor : celle d’un retour à une logique purement économique du travail, où la productivité prime sur le temps vécu.

Cette prise de parole intervient alors que le débat public est déjà embrasé par d’autres sujets sensibles : la suppression évoquée de jours fériés, la pression sur les congés payés, la montée en puissance du télétravail. Chaque élément semble contribuer à un même mouvement : repenser radicalement le rapport au temps professionnel.

Et les salariés dans tout ça ?

Pour les travailleurs, la question est loin d’être théorique. Beaucoup ne vivent pas les 35 heures comme une réalité. Dans des secteurs comme l’hôpital, l’éducation ou le soin, les heures non déclarées, les astreintes et la charge mentale rendent illusoire toute idée de limite horaire. D’autres, en revanche, craignent qu’un allongement du temps de travail, même encadré, ne devienne progressif, puis obligatoire.

Comme le souligne Marie, infirmière en région parisienne : « On nous parle de flexibilité, mais avec des effectifs insuffisants, chaque heure gagnée en théorie se perd en récupération non payée ». Le risque, c’est que la modernisation du travail profite surtout aux employeurs, au détriment du bien-être des employés.

Et ailleurs en Europe, comment ça fonctionne ?

En Allemagne, la durée légale est de 40 heures, mais les accords collectifs permettent une grande variabilité. Au Royaume-Uni, on tourne autour de 37,5 heures. En Scandinavie, on mise davantage sur la productivité horaire que sur la réduction du volume total. Ces modèles reposent sur un dialogue social fort et une culture d’entreprise différente.

Transposer ces exemples en France suppose de repenser bien plus que la seule durée du travail. Cela implique de renforcer la négociation de branche, d’améliorer la formation continue, de digitaliser les processus administratifs. Or, aujourd’hui, les entreprises, surtout les TPE et PME, manquent souvent de moyens pour s’adapter.

Vers une refonte globale du modèle social ?

La fin des 35 heures ne peut pas être envisagée isolément. Elle doit s’inscrire dans une vision plus large : celle d’un nouveau contrat social entre l’État, les entreprises et les citoyens-travailleurs. Plutôt que de supprimer une règle, il faudrait peut-être la transformer. Adapter la durée du travail par secteur, par zone géographique, par type de mission. Mettre en place des systèmes de compte épargne-temps plus efficaces. Réformer la fiscalité du travail pour encourager l’embauche sans sacrifier le pouvoir d’achat.

Comme le soulignent plusieurs think tanks, la vraie question n’est pas « combien d’heures ? », mais « comment travailler mieux ? ». La réponse passe par la montée en compétences, la transition numérique, et une réorganisation du travail qui prenne en compte les nouvelles réalités : hybridation, intelligence artificielle, besoin de sens.