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Loi sur l’aide à mourir : Macron célèbre une « étape importante », les opposants dénoncent une « transgression majeure »

Une réforme historique, ou un tournant dangereux ? Le projet de loi encadrant le droit à l’aide à mourir vient d’être adopté en première lecture par l’Assemblée nationale. Une décision qui marque un point décisif dans un débat longtemps bloqué. Si le président Emmanuel Macron y voit « une étape importante », les critiques affluent de toutes parts – soignants, évêques et associations familiales dénoncent une rupture éthique profonde.

Dans ce dossier sensible, les passions s’exacerbent. Entre espoir pour certains, crainte pour d’autres, le texte soulève des questions fondamentales sur la vie, la mort, et le rôle même de la médecine.

Un vote salué comme « historique » par les partisans

L’adoption du projet de loi représente un moment clé pour les défenseurs du droit à une fin de vie maîtrisée. Jonathan Denis, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), a salué un vote « porteur d’espoir », permettant d’éviter « les souffrances inapaisables et les agonies inutiles ».

Le chef de l’État, Emmanuel Macron, a immédiatement réagi sur X, parlant d’un « chemin de fraternité » qui commence à se tracer. Il a insisté sur la nécessité d’un débat apaisé, respectueux des convictions personnelles et religieuses.

Une « rupture fondamentale » selon les soignants

Pour Claire Fourcade, présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), ce texte ne constitue pas une simple exception, mais bien une nouvelle norme du mourir. Elle déplore une modification radicale de la mission médicale : passer de l’accompagnement à l’intervention active sur la mort.

Bien que la Sfap reconnaisse certaines avancées concernant les soins palliatifs, elle juge insuffisants les moyens mis en place pour garantir aux patients un véritable choix entre les deux options.

Église, syndicats et médecins s’élèvent contre une « transgression majeure »

De nombreux acteurs sociaux et religieux ne cachent pas leur inquiétude. La Conférence des évêques de France a exprimé une « vive inquiétude », estimant que cette loi « mettrait profondément à mal le pacte social ». Selon eux, la société entière est en train de basculer dans une logique où la mort devient une solution admise.

Le Syndicat de la famille, proche des mouvements opposés au mariage homosexuel en 2013, accuse quant à lui le texte de vouloir « supprimer l’interdit de tuer », une expression forte destinée à marquer l’ampleur symbolique du changement.

Entre espoir et crainte : un débat loin d’être clos

Si certains y voient une victoire démocratique, d’autres anticipent une transformation profonde de la relation médecin-patient, voire de la société tout entière. Claire Thoury, membre de la Convention citoyenne sur la fin de vie, a qualifié le vote d’« historique sur le plan démocratique », preuve que la société civile peut influencer les grandes lois.

Cependant, les résistances sont nombreuses. Les mois à venir seront déterminants : le texte doit encore être examiné au Sénat, puis promulgué. Mais déjà, les lignes idéologiques se tracent, et les tensions restent vives.

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