Marine Tondelier ose le pari présidentiel 2027 : un défi colossal pour les Écologistes
Alors que la campagne présidentielle de 2027 s’annonce déjà comme l’une des plus incertaines de la Ve République, Marine Tondelier entre en scène. Le 22 octobre 2025, la secrétaire nationale des Écologistes a déclaré sa candidature dans les colonnes du Nouvel Obs, invoquant un « acte d’amour pour la France ». Mais derrière cette formulation poétique se cache une réalité politique brutale : jamais un candidat écologiste n’a réussi à s’imposer comme force de premier plan à l’élection suprême. Peut-elle briser ce plafond de verre ?
Un ticket d’entrée déjà presque validé
Avant de défier Emmanuel Macron ou ses rivaux de droite, Tondelier doit d’abord franchir une étape interne : la désignation du candidat des Écologistes. Entre le 5 et le 8 décembre 2025, les militants voteront dans le cadre de la primaire de la gauche et des écologistes. Son seul opposant, Waleed Mouhali — conseiller municipal discret et chercheur en physique — ne représente guère une menace.
La vraie bataille commence ensuite. Car malgré une légitimité interne quasi assurée, la trentenaire d’Hénin-Beaumont devra convaincre un électorat encore hésitant, dans un espace politique saturé et une gauche profondément fragmentée.
Un héritage électoral lourd à porter
L’histoire pèse sur les épaules de toute candidature verte à l’Élysée. Depuis 1974, aucun écologiste n’a dépassé les 5 % au premier tour, à l’exception notable de Noël Mamère en 2002. Les scores de Dominique Voynet (1995, 2007), Eva Joly (2012) ou Yannick Jadot (2022, 4,6 %) confirment cette tendance : les Verts brillent en Europe, s’effacent en France.
Pourtant, un espoir fragile émerge. Un sondage ELABE de novembre 2025 place Tondelier entre 4,5 % et 5,5 %. Le seuil est mince, mais franchir les 5 % ouvrirait droit au remboursement public des dépenses de campagne — une condition vitale pour pérenniser le mouvement.
Concurrence féroce à gauche, même sur l’écologie
Le véritable piège ne vient pas seulement de l’abstention ou de l’indifférence. Il réside dans la pluralité des offres concurrentes. Le Parti socialiste, malgré son déclin, continue de brandir l’étendard de la « social-écologie ». De son côté, La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon a fait de la planification écologique un pilier central de son programme depuis plus d’une décennie.
Résultat : Tondelier doit non seulement exister politiquement, mais aussi prouver qu’elle incarne mieux que quiconque l’écologie politique en France. Une gageure, alors que ni Mélenchon ni Raphaël Glucksmann — tous deux en tête des intentions de vote à gauche — n’ont pour l’heure confirmé leur participation à la primaire commune.
Un parti en crise, une légitimité contestée
Les Écologistes traversent une période de vaches maigres. Si leur ancrage local reste fort — Lyon, Bordeaux, Grenoble leur tiennent toujours tête —, leur influence nationale s’effiloche. La liste européenne de 2024, menée par Marie Toussaint, a plafonné à 5,5 %, soit une chute historique de huit points en cinq ans.
Et les dissensions internes ne facilitent rien. Sandrine Rousseau, députée en vue et figure incontournable du parti, a immédiatement critiqué la précipitation du calendrier électoral, qualifiant la candidature de « bataille à contretemps ». Ce genre de tensions révèle une unité de façade, bien fragile à l’aube d’une campagne exigeante.
Une ambition historique, un chemin semé d’embûches
Pourtant, Marine Tondelier ne se contente pas de gérer le déclin. Elle mise sur une refondation. « Notre parti en a tiré les leçons en se transformant du sol au plafond », affirme-t-elle. Et si elle remporte la primaire, elle ne sera plus seulement la voix des Écologistes, mais potentiellement celle de toute une gauche recomposée.
Son pari est risqué, mais clair : faire de l’écologie non pas un thème parmi d’autres, mais le cœur d’un nouveau projet national. Dans un contexte de crise climatique croissante, ce discours pourrait trouver un écho — à condition qu’il parvienne à se faire entendre.
