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Paris : Licencié après une photo de lui endormi, un agent de propreté poursuit son employeur

Un agent de propreté, limogé en 2018 pour une photo de lui postée à son insu sur Internet alors qu’il était endormi en tenue de travail, conteste son licenciement mardi devant les prud’hommes de Créteil. Depuis 2011, Adama Cissé, 37 ans, collectait les déchets des poubelles de rues à Paris.

En septembre 2018 pendant une de ses tournées, il s’est arrêté « pour faire une pause », explique son avocat Joachim Scavello, confirmant une information du Parisien. Souffrant de douleurs à un pied après une fracture, il enlève ses chaussures, poursuit son avocat.

« On comprend pourquoi Paris est si dégueulasse »
Sur Twitter, une utilisatrice poste alors une photo où on voit Adama Cissé allongé sur un rebord de vitrine, dans sa tenue verte et jaune fluo d’agent de propreté, pieds nus et visiblement endormi. « Voilà à quoi servent les impôts locaux des Parisiens à payer les agents de propreté à roupiller, on comprend pourquoi Paris est si dégueulasse », commente cette utilisatrice.

Adama Cissé est ensuite convoqué par son employeur Derichebourg, qui a repris son contrat en 2015. Un mois plus tard, en octobre 2018, il est licencié pour « faute grave », selon la requête devant le Conseil des prud’hommes que l’AFP a pu consulter. « Cette attitude révélant votre volonté de vous assoupir durant votre service a fait l’objet d’une sévère réclamation de notre client », justifie la société. Derichebourg avait également répondu directement à l’utilisatrice sur Twitter : « Derichebourg Environnement ne cautionne pas ce type de comportement de la part de ses collaborateurs. La personne qui apparaît sur la photo fait l’objet d’une procédure disciplinaire », était-il indiqué.

L’employeur « tape très, très fort, pour pas grand-chose », dénonce l’avocat d’Adama Cissé. « On ne conteste pas la photo, mais il y a un contexte derrière tout ça. Il était en pause, pas en temps de travail », dit Me Scavello. Outre « les proportions publiques pas très agréables » que l’affaire a prises en étant postée sur les réseaux sociaux, « la question qui se pose est : peut-on utiliser une photo prise à l’insu de quelqu’un pendant un temps de pause pour le licencier ? », demande-t-il aussi.

« Par notre décision, nous souhaitons ainsi protéger l’ensemble de nos collaborateurs impliqués au quotidien à rendre une qualité de service irréprochable auprès de nos clients », a réagi mardi Derichebourg, qui déplore « l’ampleur du traitement de cette situation exceptionnelle, plus d’un an après la survenance de l’événement ». La décision devrait être mise en délibéré à l’issue de l’audience ce mardi après-midi.

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