Actu

De la vengeance à la candidature : un père américain brigue le poste de shérif après avoir tué le violeur de sa fille

Il a perdu foi dans la justice. Alors il a pris les choses en main. Aaron Spencer, éleveur de 36 ans dans l’Arkansas, est aujourd’hui accusé d’avoir abattu Michael Fosler, le violeur présumé de sa fille de 14 ans. Mais au lieu de disparaître dans l’ombre du procès à venir, il fait un choix inattendu : il se présente aux élections locales pour devenir shérif du comté de Lonoke. Son objectif ? S’assurer que plus aucune famille ne vive ce qu’il a traversé.

L’affaire qui a tout déclenché

En juillet 2024, les Spencer apprennent avec horreur que leur adolescente a été victime d’agressions sexuelles répétées. L’auteur : Michael Fosler, 67 ans, ancien policier et compagnon d’une proche de la famille. Rapidement interpellé, il est inculpé de 43 chefs d’accusation, dont agression sexuelle sur mineure et possession de matériel pédopornographique.

Pourtant, malgré la gravité des charges, il est libéré sous caution — 50 000 dollars — avec pour seule restriction de ne pas approcher la victime. Un relâchement que beaucoup jugeront imprudent. Le procès, prévu en décembre 2025, n’aura jamais lieu.

 

La nuit de la confrontation

Quelques semaines plus tard, la jeune fille disparaît. En pleine nuit, Aaron Spencer part à sa recherche. Il la retrouve dans le véhicule de Fosler. Une course-poursuite s’engage. Puis une altercation. Fosler est retrouvé mort. Spencer est arrêté et inculpé de meurtre au deuxième degré. Son procès est programmé pour janvier 2026.

Sa femme, dans une déclaration sobre mais puissante, expliquera : « Il a fait ce qu’il fallait pour protéger notre enfant. » Une phrase qui résonne comme un cri de désespoir face à un système perçu comme inerte.

Une campagne politique née dans la douleur

Le 11 octobre 2025, Aaron Spencer publie une vidéo sur les réseaux sociaux. Pas pour se justifier. Pour annoncer sa candidature au poste de shérif du comté de Lonoke. « Je suis le père qui a agi quand le système a échoué », déclare-t-il, sans détour.

Il ne se présente pas comme un héros, mais comme un citoyen en colère. « J’ai vu de mes yeux les défaillances des forces de l’ordre et de notre tribunal », affirme-t-il. Selon lui, la priorité n’est pas la procédure, mais la protection immédiate des enfants.

Un message qui dépasse l’individu

« Cette campagne ne parle pas de moi, dit-il. Elle parle de toutes les familles qui méritent de se sentir en sécurité. » Il veut « rétablir la confiance » entre la population et ceux censés la protéger — une confiance, estime-t-il, brisée par des décisions comme la libération sous caution d’un présumé prédateur.

Dans un État où les communautés rurales comptent sur leurs shérifs comme premiers remparts, son discours trouve un écho immédiat.

Un soutien populaire… et un débat national

La vidéo d’Aaron Spencer devient virale. Des milliers de commentaires affluent. « Je vous soutiendrai en tant qu’ancien combattant et père ! », écrit l’un. « Rassemblez les pères, nous devons protéger nos enfants ! », renchérit un autre. Son fils Malachi le qualifie simplement de « héros ».

Pourtant, au-delà de l’émotion, des questions complexes émergent. Peut-on incarner la loi après avoir enfreint le code pénal ? Où tracer la ligne entre justice communautaire et vengeance privée ? Et surtout : que révèle cette affaire sur la capacité du système judiciaire à protéger les plus vulnérables ?

Quel que soit le verdict du tribunal en janvier 2026, Aaron Spencer a déjà changé la donne. En Arkansas, l’élection du prochain shérif ne sera plus seulement une question de sécurité — mais un vote sur ce que la société est prête à tolérer… ou à réparer.